Ma balade gourmande en Indre-et-Loire et en Touraine

Berceau des châteaux de la Loire, ancienne résidence des rois et reines de France, la vallée de la Loire et plus particulièrement la Touraine dont fait partie le département de l’Indre-et-Loire est un lieu emblématique de la Renaissance française. Forte d’un patrimoine architectural et artistique majeur, elle est célèbre pour ses nombreux châteaux classés au patrimoine historique, mais aussi ses anciennes bâtisses, ses villages typiques et ses jardins naturels incroyables. Chambord, Blois, Amboise, sont autant de noms évocateurs de cette région. C’est dans ce cadre enchanteur que je me suis rendu une semaine, à la découverte de ce département et de cette vallée royale jalonnée de coteaux fertiles encadrant la Loire et le nord du Cher. 

Car outre son patrimoine architectural indéniable, le département de l’Indre-et-Loire qui fait partie de l’ancienne région historique de la Touraine, jouit aussi d’un patrimoine gastronomique conséquent. Cette gastronomie est riche en produits du terroir, et l’on trouve parmi les spécialités de l’Indre-et-Loire tout pour ravir le palais des fins gourmets, de l’apéritif au dessert. Les vins de Loire ont bien sûr une place de choix parmi les spécialités de Touraine.

Quelles sont les spécialités emblématiques de l’Indre-et-Loire et de la Touraine ?

• Les vins de Touraine-Chenonceau AOP
• Les vins de Touraine-Amboise AOP
• La Fouace de Rabelais 
• Les vins de Touraine – Azay le Rideau AOP 
• Les poissons de Loire
• Les vins de Saint-Nicolas-de-Bourgeuil AOP
• Mais aussi…

C’est à vélo que je décide de parcourir la Loire d’Amboise à Saint-Nicolas-de-Bourgeuil, en faisant un petit détour par le Cher et le Château de Chenonceau qui l’enjambe.

Je commence à Civray-de-Touraine, en bordure du Cher. C’est là que, depuis 6 générations, la famille Godeau exploite ses 45 hectares de vignoble. L’exploitation, lancée par le père Auguste Godeau en 1875, est aujourd’hui dirigée par Adrien, jeune ingénieur agronome, qui a repris avec passion le domaine familial. C’est lui qui m’accueille et m’emmène parcourir le domaine pour me faire découvrir les vins de l’appellation Touraine Chenonceaux. Très investi dans cette appellation, il en est aujourd’hui l’un des plus grands producteurs de la région. Un des plus grands, avec une qualité de vin tellement exceptionnelle que le château de Chenonceau lui a confié ses vignes. Adrien me fait rêver en évoquant les expériences culinaires et dégustations proposées au cœur même du château comme lors des dégustations « sous les étoiles » qui ont lieu chaque juillet dans ce moment historique. 

Je vous laisse imaginer le décor: le château des Dames, enjambant le Cher, illuminé de mille feux le soir comme cadre pour déguster tous ces vins et les spécialités de Touraine cuisinées par les chefs du château… On en rêverait. Quelques idées d’anciens menus pour vous faire saliver… En entrée un Touraine-Chenonceaux blanc à base de Sauvignon, avec ses arômes de fruits à chair blanche, sucré mais rond en bouche, accompagnant des asperges enroulées de lard. Dans la cuisine, ornée d’une monumentale cheminée de pierre, un gibier ou de la charcuterie, accompagnée d’un Touraine-Chenonceaux rouge, vin tannique aux arômes de fruits rouges et de griottes… L’évènement a lieu tous les ans, le troisième samedi de juillet. 

Continuant ma découverte des vins de Loire, je passe du Cher à la Loire et arrive sur le domaine Plou&Fils. Chez eux, on est vignerons de père en fils depuis 1508! Guillaume et Mathieu Plou m’accueillent sur les 120 hectares de vignes qu’ils possèdent. A Chargé-Amboise, on travaille l’appellation Touraine Amboise AOP, petite appellation dont les Plou sont les meilleurs ambassadeurs. J’ai plaisir à parcourir les vignes, visiter leur grande cave troglodyte, creusée à même le tuffeau, qui abrite 20 précieuses cuvées. Le meilleur moment de la visite, la dégustation de leurs différentes cuvées ! Presque toutes d’ailleurs, les Plou sont généreux en dégustation et il vaut mieux avoir une bonne descente! 

Pour accompagner la dégustation des vins, les chefs du restaurant l’Ecluse à Amboise, spécialistes de la gastronomie de Touraine, nous ont concocté un déjeuner-dégustation dans les vignes. Nous commençons avec un Touraine Amboise blanc, possédant la fraicheur et le fruité propre au cépage chenin pour accompagner un bavarois d’asperge et du silure en gravelax. Puis en plat, un mulet de Loire nous est servi avec un vin de Touraine Amboise rouge, dont le tanin fin et les notes florales se marient très bien avec ce plat typique de la région. 

Fromage et dessert avalés, je me remets en route courageusement vers Tours et profite du coucher de soleil sur le trajet et de la quiétude des bords de Loire. 

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Le matin se lève à peine sur Tours et ses maisons à colombages, et je suis déjà en route pour ma prochaine découverte. Boulangère cette fois-ci, il faut bien faire une petite pause entre les vins! C’est dans une boulangerie que je me rends, mais pas n’importe laquelle, le Fournil de Lo, une référence incontestée de la ville. Ayant des horaires d’ouverture restreints, les clients se pressent devant  la boutique qui est souvent dévalisée en quelques heures. Laurent, aux commandes, n’est pas n’importe qui. Cet ancien touche-à-tout a su se former aux méthodes traditionnelles de la boulangerie et a élevé le pain au rang de délice gastronomique. Respectant les méthodes ancestrales, n’utilisant que des levains naturels et des farines locales, il  crée dans ses fours pas moins de 11 variétés de pains différentes. Raisin-noisette, Kamut, épeautre et fruits, pain au seigle … Il y en a pour tous les goûts.

L’odeur alléchante du pain en train de cuire dans les fours à bois me chatouille les narines, mêlées à une odeur de brioche et d’épices. Cette odeur, c’est celle de LA spécialité tourangelle par excellence: la Fouace de Rabelais, “Faictes de fine fleur de froment délayée avec beaux moyens d’oeufs et de beurre, safran, épices et eau« , citée dans son ouvrage Gargantua. Réservée à la base aux classes populaires, elle est devenue au 17ème siècle un produit noble dont on a affiné la recette pour la rendre encore plus gourmande.  Imaginez une base de brioche à laquelle on ajoute du miel, des noix, de la bergamote et des épices, de la cannelle chez d’autres, du safran chez Laurent. Elle est moelleuse comme un nuage, avec des effluves d’agrumes amères données par la bergamote et une teinte légèrement orangée due au safran…. un pur bonheur. Elle accompagne parfaitement un morceau de fromage de chèvre ou un peu de rillette de Tours, autres spécialités de Touraine. 

Je découvre également le talent de pâtissier de Laurent. Son flanc à la vanille de Madagascar qui repose sur un lit de spéculoos est à tomber. Sa version du Paris-Brest, le Paris-Tours un vrai chef d’œuvre, et pour les Alsaciens en mal de leur pays, il fait aussi du Kouglof. Et pour les amateurs de biscuits, et bien je recommande le cookie aux spéculoos, ou les sablés épeautre-noisette, ou ses macarons… Tout est divin! 

Ce fournil est donc une véritable pépite qui a su magnifier le pain et rendre hommage aux produits de l’Indre et Loire avec cette fouace. Je repars ravi de cette découverte. Avoir vu cuire les fouaces dans le four avant de les déguster encore chaudes est un privilège que je n’oublierai pas de si tôt! 

De nouveau sur mon vélo, j’arrive au château de l’Aulée où l’on produit la plus petite appellation de la région: le Touraine-Azay-le-Rideau AOP. Les vignes semblent me faire une haie d’honneur, et ce sont pas moins de 8 vignerons de l’appellation qui m'accueillent au château. Marielle, la propriétaire du domaine,  m’emmènent avec ses confrères pour une dégustation de vins accompagnée de ce qui se fait de mieux dans la gastronomie d’Indre et Loire. Nous nous installons dans le parc de ce château du XIXème siècle, avec les couleurs rosés du soleil couchant comme décor.  J’ai retrouvé ce rosé dans mon verre d’ailleurs. Fait avec le cépage grolleau, le rosé Touraine-Azay-le-Rideau apporte de la fraîcheur en bouche, avec de fines notes de rose, de lilas, de cerise et de groseille. Un vin qui se marie parfaitement avec les spécialités locales: fromages de chèvre et rillettes de canard au foie gras.

Deuxième et dernière couleur: le blanc. Les blancs secs, vifs en bouche et équilibrés, et leur demi-sec, presque moelleux, un peu acide avec des notes d’abricots et de coings, sont des alliés parfaits de la tarte vigneronne. Un vrai régal au passage cette tarte: une pâte feuilletée recouverte de pommes de la région et de confiture de vin. 

J’ai pu déguster 13 vins ce soir-là. Tous de très grands vins d’une grande finesse, dégustés dans un moment de convivialité incroyable. 

Ma progression en Indre-et-Loire se poursuit et je retourne sur les bords du fleuve, à Bréhémont où j’embarque tout de suite avec Romain et Ambroise, respectivement pêcheur et chef cuisinier de la Cabane à Matelot. Nous sommes chanceux car nous ramenons de nombreux poissons dans nos filets ce matin, de bonne augure pour le repas à venir ! En bordure de Loire, il n’est pas étonnant que le poisson fait partie intégrante de la gastronomie de Touraine. Chez eux le concept est simple: travailler tous les poissons qu’ils pêchent eux même, et utiliser toutes les parties du poisson. C’est la raison pour laquelle on trouve dans leur établissement, une partie conserverie avec de la soupe, des rillettes, des terrines faites de silure ou de mulet, poissons peu prisés en temps normal, mais savoureux. Ces poissons sont également présents à la carte, et Ambroise s'attèle à créer des recettes plus originales les unes que les autres. J’ai par exemple eu la surprise de déguster un mulet mi-cuit passé au chalumeau, aux asperges et … aux fraises! Le mélange étonne au premier abord, mais le côté sucré-salé relevé d’une petite vinaigrette au vinaigre de riz et huile de tournesol torréfié sont d’une inventivité et d’un goût remarquable! Je passe à nouveau une excellente journée en compagnie des ces deux passionnés de pêche et de cuisine, bien installé en terrasse au soleil et face à la Loire.

Pour le dernier jour de mon excursion à vélo en Indre-et-Loire, je me rends au domaine Drussé à Saint-Nicolas-de-Bourgueil. Sur leur exploitation, on ne fait que du vin de l’appellation éponyme de la ville. Les 22 hectares de vignobles du domaine Drussé sont donc plantés exclusivement en cabernet-franc. Sur cette exploitation, David représente la 4ème génération à avoir repris le flambeau familial.

Au domaine Drussé, on sait recevoir, et je vais découvrir les vins de Saint-Nicolas-de-Bourgueil AOP de la plus belle façon qu’il soit. Lors de notre balade dans le vignoble, David s’arrête et ouvre la porte d’une cave, creusée à même le tuffeau. Derrière cette porte, 300 mètres de couloirs sous les vignes qui mènent à une salle souterraine, véritable cathédrale troglodyte, écrin de dizaines de tonneaux et de vieilles bouteilles millésimées. David m’a offert le privilège de goûter un Saint Nicolas de Bourgueil rouge de 2003! Frais, léger, avec des arômes de framboises, de cerises et de mûres…. Il vieillit bien, je peux vous l’assurer! Sa fraîcheur s'alliait parfaitement avec la charcuterie que David avait apporté: des rillauds, spécialités d’Indre et Loire, faits de poitrine de porc confite, et des rillettes de Tours AOP. Un apéritif parfait dans un cadre exceptionnel dont le silence nous coupe du temps.

D'autres vignerons de l’appellation m’attendaient à la sortie pour un déjeuner dans les vignes. Délicieuses volailles, Saint-Nicolas-de-Bourgueil et coups de soleil furent au rendez vous, un moment hors du temps parfait pour cette dégustation! 

Avec cette belle après-midi ensoleillée s’achève mon tour de l’Indre-et-Loire et de la Touraine, les papilles encore pleines des saveurs des vins de Touraine. J’ai pu les apprécier pleinement car les dégustations étaient à chaque fois accompagnées d’autres spécialités locales. J’ai ainsi pu goûter aussi aux fromages de chèvre, aux rillettes de Tours IGP et aux rillauds, fierté tourangelle. Les volailles comme la géline de Touraine sont excellentes également. En termes de délices sucrés, les tourangeaux ne sont pas en reste! La tarte vigneronne bien sûr est un incontournable, ainsi que le nougat de Tours: un gâteau fait à base de pâte brisée garnie de compote ou de marmelade (pomme, poire, abricot), de fruits confits et d’amandes. Je pourrais aussi vous parler de la balzacienne, tarte en hommage à Balzac faite de fruits secs torréfiés (noisette, amande, noix, pistache), de tranches de Sainte-Maure de Touraine AOP, sur une marmelade d’agrumes, des macarons de Cormery ou des poires tapées… la gastronomie de Touraine est très gourmande! 

Le bon vin et la bonne chère, ça rapproche! En plus des découvertes gastronomiques, j’ai vécu de vraies expériences culinaires complètes, accueilli partout par des personnes chaleureuses, passionnées et soucieuses de me faire découvrir leur terroir de la plus belle façon qui soit.