Ma balade gourmande dans les Bouches-du-Rhône, de la Camargue aux Alpilles

De la plaine de la Crau au massif des Alpilles, en passant par la Camargue, le département des Bouches-du-Rhône est riche de paysages ensoleillés comme de traditions culinaires.

Je ne pouvais pas rester indifférent à la gastronomie provençale, surtout lorsque le mistral venait me porter des effluves de garrigue et de romarin.

C’est donc un beau matin de juin que j’ai enfourché mon fidèle destrier, prêt à conquérir les belles arlésiennes de la ville chère au cœur d’Alphonse Daudet. Finalement, c’est moi qui ai été conquis par les spécialités de la Crau, des Alpilles et de Camargue.

Ma balade gourmande dans les Bouches-du-Rhône s’étale sur cinq jours, au cours desquels je vais avoir le plaisir de déguster de l’huile d’olive, du taureau de Camargue AOP, du pain de Beaucaire, des fruits confits, du fromage de chèvre et deux incroyables vins francs de pied. Inutile de préciser que j’avais hâte de commencer ce périple au cœur des spécialités de Camargue !

Quelles sont les spécialités emblématiques des Bouches-du-Rhône, de la Camargue et des Alpilles ?

• L’huile d’olive
• Le taureau de Camargue AOP
• Le pain de Beaucaire
• Les vins francs de pied des Alpilles
• Les fruits confits de Provence
• Les fromages de chèvre des Alpilles
• Mais aussi…

Suivez le guide, je vous emmène à la découverte de ces spécialités! 

Après 60 km à pédaler sous un soleil de plomb, j’ai pris des couleurs à faire pâlir d’envie les flamants roses des marais salants. Car c’est aux portes de la Camargue que je me rends pour cette première dégustation, au domaine des Bastidettes. Installés à Saint-Martin-de-Crau, le moulin et l’oliveraie sont gérés par la famille Meffre, spécialisée dans la production d’huile d’olive. André et Guillaume, le père et le fils, sont de vrais passionnés qui ont décidé de sortir des sentiers battus et des cahiers des charges AOP : ils proposent une huile d’olive de France, en suivant des recettes de fabrication et des mélanges de variétés d’olive qu’André, le père, a glané autour de la Méditerranée. Des assemblages qu’ils ont eux-mêmes élaborées et qui ont été primées plusieurs fois au concours général agricole !

Et je comprends pourquoi en dégustant leur médaille d’or Domaine les Bastidettes. L’huile d’olive verte extra vierge possède un fruité caractéristique et dévoile des notes herbacées très prononcées. Délicieuse en salade comme en marinade, cette huile d’olive développe des saveurs de feuille de tomate, avec des notes d’artichaut cru. Personnellement, je me suis régalé en la dégustant sur un poisson de Méditerranée grillé. Les saveurs explosent en bouche, à la fois fraîches et végétales, sans aucune amertume.

Je reprends maintenant la route en direction d’Arles pour rejoindre la boucherie Decauche. C’est une dégustation de viande de taureau de Camargue AOP qui m’attend et je ne vais pas être déçu ! On trouve deux principales races de taureaux dans la région : le taureau de Camargue, avec une appellation AOP, élevé depuis l’Antiquité, et le Brava, arrivé d’Espagne au milieu du XIXème siècle. Ce sont des races rustiques et les bêtes évoluent en liberté, se régalant des herbes de Camargue qui donnent ensuite à leur viande ce goût si unique. J’ai eu le plaisir de découvrir la côte de taureau Camargue au barbecue, une belle viande intense, avec une couleur qui tire sur le violet. D’abord grillée à la flamme, elle cuit ensuite sur les braises sans se dessécher. La côte de taureau se déguste saignante et j’apprécie le contraste entre la croûte noire qui l’enveloppe et son cœur encore tendre. Peu grasse et peu persillée, elle dévoile des arômes forts, très intenses, proches du gibier. C’est un vrai régal ! Avant de repartir, je m’autorise un petit détour par l’abbaye de Montmajour, une majestueuse abbaye bénédictine qui se tient fièrement depuis le Xème siècle en plein cœur du pays d’Arles. Le monument est vraiment exceptionnel, avec sa tour Pons de l’Orme de 26 mètres de haut.

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C’est un agréable trajet le long du Rhône qui m’attend, puisque je remonte vers le nord pour rejoindre Beaucaire, une ville d’Art et d’Histoire aux nombreux monuments en vieille pierre : Beaucaire signifie d’ailleurs « belle pierre ». La beauté de son architecture en a inspiré plus d’un, car le pain emblématique de Beaucaire est confectionné en forme rectangulaire, avec des bords ronds et une petite fente au centre, comme les pierres locales.

Il est maintenant difficile de trouver ce pain préparé selon le savoir-faire traditionnel, mais la boulangerie Moureau le fabrique encore tous les jours. C’est une histoire de famille depuis quatre générations et on se transmet la passion et les recettes de père en fils ! Le pain que je vais déguster se distingue non seulement par sa forme, mais aussi par sa forte teneur en levain. Il possède une fine croûte blanche, qui ne croustille pas sous les dents mais qui offre un goût de levain prononcé. Très aérée et alvéolée, la mie est parfaite pour saucer les plats. Elle s’imbibe du jus des spécialités provençales pour restituer toutes les saveurs une fois en bouche. Hérité de siècles de tradition, le pain de Beaucaire est vraiment ancré dans son terroir : c’est un pain qui a une âme.

Avant de repartir, passage obligé à l’abbaye de Saint-Roman, un monastère troglodyte du Vème siècle, unique en Europe !

Je n’ai que quelques kilomètres à parcourir pour aller découvrir les vins du Domaine Lansac. C’est un vrai plaisir de pédaler en bordure du massif des Alpilles, entre les champs d’oliviers, les rochers et les vignes. Je m’arrête à mi-chemin pour contempler au loin, l’éperon rocheux des Baux-de-Provence, avec sa majestueuse citadelle et son village médiéval qui domine toute la vallée des Alpilles.

Plus que quelques tours de pédales et me voilà arrivé à Tarascon, chez Eléonore de Sabran-Pontevès. Elle cultive neuf hectares de vignes franc de pied, vignes rarissimes sur le sol français. Il s’agit en effet de pieds de vignes non greffés, particulièrement sensibles au phylloxera dont il faut immerger les sols une fois par an pour ralentir la croissance du phylloxera et permettre à la vigne de produire son précieux nectar.

Le Domaine de Lansac propose deux cuvées. La première est un rosé, cépage aubun, un vin tellement ensoleillé qu’on dirait du blanc. Très rafraîchissant, il dévoile des arômes d’orange confite, d’amande douce et de pêche de vigne. Quant à la deuxième cuvée, la France de pied en rouge, elle allie quatre cépages : Alicante, Cinsault, Carignan et Grenache. Je suis agréablement surpris par les tanins ronds de ce vin bien structuré, avec des notes de cacao, de poivre et de cerise. Une fine touche réglissée me reste longtemps en bouche.

Direction maintenant le coeur du parc naturel régional des Alpilles, dans le joli village de Saint-Rémy de Provence. J’ai une dizaine de kilomètres à parcourir avant d’atteindre ma prochaine destination et j’en profite pour faire quelques haltes au cœur de ces paysages qui ont inspiré Van Gogh. Je commence par la forteresse de Tarascon bien sûr, qui borde avec majesté les rives du Rhône. En chemin, je passe ensuite devant la chapelle Saint-Gabriel de Tarascon, puis devant la chapelle romane Ste Lambert.

Me voilà enfin arrivé à Saint-Rémy de Provence et c’est avec plaisir que je pousse les portes de la confiserie Lilamand, une vieille et belle maison qui a vu défiler cinq générations de confiseurs passionnés. Aujourd’hui, c’est Pierre Lilamand qui met son savoir-faire et ses recettes centenaires au service des fruits confits de Provence. Bien ancrée dans le terroir local et les traditions, la maison prépare ses confiseries dans la plus grande authenticité, et met un point d’honneur à conserver le goût brut du fruit. Ces derniers proviennent de variétés anciennes et sont cultivés dans les vergers qui entourent le village de Saint-Rémy. Gorgés de soleil et bercés par le mistral, ils développent ainsi des saveurs uniques, intenses et sucrées. Les fruits sont cueillis à maturité et alternent ensuite les bains de sucre et les phases de cuisson au chaudron, pendant une durée de trois mois environ. Le sucre pénètre ainsi à cœur, en douceur, sans dénaturer la texture du fruit. C’est l’abricot rose confit que j’ai goûté en premier : un véritable concentré de saveurs ! On retrouve la chair moelleuse et souple de l’abricot frais tandis que la peau conserve sa résistance. Quant au melon confit, l’une des grandes spécialités provençales emblématiques, il offre un goût intense qui reste longtemps en bouche. J’ai même reconnu le léger grain caractéristique de ce fruit méditerranéen. Une pure réussite !

Avant de reprendre ma route en direction du village d’Aureille, au cœur des Alpilles, je fais un véritable saut dans le temps en passant par la cité antique de Glanum. Ce site archéologique me ramène deux millénaires en arrière, tandis que je flâne au milieu des constructions gauloises aux influences grecques et romaines. Un peu de potion magique, et je reprends des forces pour pédaler jusqu’à la Ferme des Gaec-Gillet.

J’y rencontre Virginie et Sylvain, deux frère et sœur amoureux de leurs biquettes. De races alpine, provençale et Rove, les chèvres se régalent du matin au soir des bonnes herbes parfumées qu’elles broutent dans la garrigue. C’est pour cela qu’elles produisent un lait si onctueux, délicieux avec ses arômes floraux. J’ai hâte de goûter le fromage et je ne suis pas déçu ! Le fromage de chèvre frais fond littéralement en bouche et offre une texture fondante, pas du tout crayeuse, avec de discrets arômes caprins. Virginie utilise en effet une méthode qui existe depuis l’Antiquité, et fait coaguler le lait avec du chardon afin de prodiguer à ses fromages un caillé très fin. Affiné aux herbes de Provence, ce fromage de chèvre frais dévoile des effluves de garrigue : un vrai régal !

Ce séjour gastronomique au cœur des spécialités des Alpilles et de la Camargue me laisse des souvenirs plein le cœur et les papilles, des vins francs de pied du Domaine Lansac aux délicieux petits fromages de chèvre de la ferme Gillet. Je garde une pensée émue pour le taureau de Camargue AOP tendrement grillé au barbecue, sublimé par un filet d’huile d’olive Les Bastidettes. Quant aux fruits confits Lilamand, j’en ramène quelques boîtes dans mon sac, pour sentir à nouveau la caresse du soleil dès que je croquerai dans un melon confit. Je n’oublie pas non plus l’excellent pain de Beaucaire, pur produit de traditions ancestrales.

Mais la Provence regorge encore de nombreuses merveilles ensoleillées et il me faudra revenir pour rencontrer tous ses producteurs passionnés par le terroir. Le Miel de Provence me fait tout particulièrement envie, puisque la région se pare de plantes et de fleurs très parfumées : lavande, trèfle, tilleul, tournesol… Un vrai régal pour les abeilles !

Qui dit miel dit nougat, et je sais que les traditions provençales en ont fait l’un des treize desserts de Noël. Quant à la ville d’Aix-en-Provence, berceau du peintre Paul Cézanne, elle me promet de délicieux petits calissons.

Je ne manquerai pas de goûter aussi la fougasse, l’une des plus grandes spécialités des Bouches-du-Rhône et de Marseille. Quant aux croquants et aux navettes de Provence, leurs parfums d’amande et de fleur d’oranger me chatouillent déjà les narines.

Mais la gastronomie camarguaise se distingue aussi par ses plats salés, aux arômes de thym et de romarin. De la daube provençale aux pieds paquets, en passant par la caillette provençale et la daube de taureau,  je me régale à l’avance ! Je n’oublie pas non plus l’emblématique soupe de poissons aux Sainte-Marie de la Mer en Camargue. Quant au grand aïoli, fleuron de la gastronomie provençale, il me fait saliver d’avance.